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Dre Marie-Odile Benoit-Biancamano - La Science d’ici | LeVeterinarius, Vol. 33 n°4 septembre 2017

Par les Drs Younès Chorfi et Christine Theoret, DMV

Dre Marie-Odile Benoit-Biancamano

PARLEZ-NOUS DE VOS ORIGINES

J’ai grandi en campagne, à Saint-Marc-sur-Richelieu, entre deux fermes laitières; ma mère sociologue et mon père urbaniste étaient des gentlemen-farmers. J’ai donc été exposée, dès mon jeune âge, à plusieurs espèces animales : chiens, chats, poules, chevreaux, canards et même des dindons! La passion pour les animaux est restée ancrée en moi même quand la famille s’est rapprochée de la ville.

 

DÉCRIVEZ VOTRE PARCOURS PROFESSIONNEL

J’ai fait mes études à la Faculté de médecine vétérinaire (FMV) de l’Université de Montréal et aussitôt diplômée, en 2002, j’ai entamé une résidence en pathologie et une maîtrise sous la supervision du Dr Richard Drolet. J’ai obtenu en 2006 ma certifi cation de l’American College of Veterinary Pathologists et de l’European College of Veterinary Pathologists. Dès lors, j’ai commencé à donner des cours de pathologie aux étudiants de premier cycle à la FMV. Fraîchement diplômée à la maîtrise, j’ai entamé des études de troisième cycle en pharmacogénomique à l’Université Laval sur des médicaments immunosuppresseurs utilisés en médecine humaine lors de transplan-tation d’organes. Je m’intéressais à la médecine individualisée comme pratiquée en médecine humaine : celle-ci faisait son petit chemin en médecine vétérinaire, mais je me positionnais également pour une éventuelle carrière en industrie. Après l’obtention du diplôme de Ph. D., en 2009, j’ai travaillé comme pathologiste chez Charles River Laboratories pendant trois ans avant de retourner à la FMV, cette fois en tant que professeure adjointe au département de pathologie et microbiologie. C’est un travail très stimulant qui me permet d’allier la recherche, l’enseignement et la clinique.

QUELS SONT LES PRINCIPAUX ENJEUX DANS VOTRE DOMAINE DE RECHERCHE?

Les enjeux dans le secteur de la pathologie concernent l’intégration des nouvelles technologies comme la biologie moléculaire, l’utilisation des lames numérisées et l’histomorphométrie. Celles-ci permettent plus de fl exibilité et le développement de compétences transversales pour mieux intégrer des équipes multidisciplinaires. L’ère de couper des tissus et de regarder des lames au microscope est mise à mal par l’arrivée de ces nouvelles technologies.Dans mes projets sur les abeilles, je cherche surtout à pallier les lacunes qui existent tant du côté du traitement des maladies que de l’évaluation de l’eff et des pesticides. Depuis plusieurs années, nous savons qu’au Québec, comme dans le reste du Canada, il y a un déclin des populations d’abeilles; le nombre de colonies augmente régulièrement, mais cela camoufl e les pertes hivernales trop élevées. Plusieurs facteurs fragilisent les abeilles et le médecin vétérinaire doit contribuer au contrôle de certaines de ces causes, notamment en ce qui concerne les maladies (varroase, nosémose, loque américaine, virus, etc.) et l’exposition aiguë et chronique aux pesticides.

QUELS SONT LES OBJECTIFS DE VOS RECHERCHES?

Tout d’abord, je travaille à caractériser l’histologie normale de l’abeille aux stades adulte et larvaire. Ces travaux, en collaboration avec le Western College of Veterinary Medicine de l’University of Saskatchewan, touchent plusieurs organes, dont le cerveau et les yeux et le système reproducteur mâle et femelle. Cela permet une comparaison avec l’histopathologie d’abeilles exposées aux pesticides, notamment les néonicotinoïdes, dans le but d’évaluer leurs eff ets délétères. Par ailleurs, les abeilles sont exposées à des infections par Nosema, des microsporidies qui colonisent le tube digestif et augmentent la mortalité dans les ruches. Je travaille à mettre au point des colorations spéciales pour caractériser les lésions histologiques associées à ces infections. Parallèlement, cette caractérisation histopathologique est comparée aux résultats de dépistage par PCR, ce qui permettra peut-être de spécifi er les lésions selon les espèces de Nosema.

QUELS SONT LES IMPACTS DE VOTRE RECHERCHE SUR LA PRATIQUE VÉTÉRINAIRE?

Grâce à mes recherches sur les abeilles, je voudrais surtout que les médecins vétérinaires occupent la place qui leur revient et qu’ils soient au courant des besoins des apiculteurs et des services disponibles, particulièrement par l’entremise du MAPAQ. J’espère qu’éventuel-lement les abeilles seront considérées au même titre que le sont les autres animaux, tant d’un point de vue diagnostique que de la recherche. J’espère aussi que la pathologie (sur les abeilles, par exemple) fera un jour partie intégrante des évaluations de toxicité environnementale des pesticides avant leur intégration sur le marché.

DE QUELLE RÉALISATION ÊTES-VOUS LE PLUS FIÈRE?

Les réussites de mes étudiants sont souvent ce qui m’apporte le plus de fi erté, quand ils gagnent des prix ou réussissent à leur examen de spécialité. Je crois qu’il faut aussi se taper dans le dos pour chacune de nos petites réussites, nos petites victoires, pour chaque article publié, les congrès qu’on organise, les petites subventions et les prix qu’on remporte. Pour l’instant, je bâtis ma fi erté sur tous ces petits éléments plus que sur un seul événement.