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Dre Martine Boulianne - La Science d’ici | LeVeterinarius, Vol. 34 n°2 printemps 2018

Responsables de la chronique : Christine Theoret, D.M.V. et Dr Younès Chorfi, m.v.

Dre Martine Boulianne, m.v., Ph. D., DACPV

Dre Martine Boulianne 2018PARLEZ-NOUS DE VOS ORIGINES

Je suis une fille d’épinettes et d’hiver, ayant grandi à Rouyn-Noranda, en Abitibi. Je suis l’aînée de 3 enfants et mes parents nous ont toujours encouragés à poursuivre nos rêves. L’amour des animaux et de la médecine vétérinaire m’est venu par les chevaux. À 13 ans, j’avais un cheval et je m’intéressais à tout ce que faisait notre médecin
vétérinaire!

DÉCRIVEZ VOTRE PARCOURS PROFESSIONNEL

Durant mes années d’études à la Faculté de médecine vétérinaire (FMV), j’ai découvert la médecine de population grâce à des amies et collègues. Après l’obtention de mon doctorat en médecine vétérinaire en 1987, j’ai décidé de poursuivre mes études à l’Université de Guelph dans le domaine aviaire. La pathologie était au cœur de ma formation et mon mentor, Dr Richard Julian, me disait que pour être un bon clinicien en médecine avicole, il faut être un bon pathologiste! J’ai terminé en 1991 mon PhD et j’ai fait un stage postdoctoral en Californie où j’ai passé les examens de l’American College of Poultry Veterinarians.

POURQUOI UNE CARRIÈRE DE RECHERCHE DANS LE MILIEU UNIVERSITAIRE?

Cela résulte plutôt d’une succession d’opportunités que de la planification! À mon retour au Québec, je prévoyais travailler en industrie. Cependant, la Fédération des producteurs de volaille du Québec
de l’époque, Volbec, avait approché la FMV et avancé des fonds pour le recrutement d’un professeur en médecine avicole. J’ai eu la chance d’arriver à une époque où tout était à faire, l’enseignement, la
clinique et la recherche, pour répondre aux besoins de l’industrie. C’est d’ailleurs la demande de l’industrie qui a guidé ma recherche, portant initialement sur des problèmes économiques (cyanose et cellulite à l’abattoir), puis sur des problèmes de santé publique (Salmonella enteritidis chez les pondeuses), et maintenant sur des problématiques de type sociétal (modification des méthodes d’élevage pour répondre aux demandes du consommateur).

QUELS SONT LES PRINCIPAUX ENJEUX DANS VOTRE DOMAINE DE RECHERCHE?

Le principal enjeu est l’utilisation raisonnée des antibiotiques en médecine vétérinaire. Il faut éviter que l’arrêt de l’utilisation des antibiotiques préventifs ne devienne un problème de bien-être animal.
Par ailleurs, le fossé qui se creuse entre les consommateurs et les éleveurs et le choc entre l’urbanisation et la ruralité créent des attentes de la part du consommateur auxquelles il est difficile et coûteux, pour l’éleveur, de répondre.

QUELS SONT LES OBJECTIFS DE VOTRE RECHERCHE?

Diminuer, voire cesser l’utilisation des antibiotiques en prévention dans les élevages de volaille. Pour cela, il faut accompagner et soutenir les éleveurs afin d’adapter et d’optimiser leurs méthodes d’élevage pour continuer à fournir un produit sain et de qualité. Les nouvelles demandes du marché représentent aussi un défi, car la remise des poules pondeuses en liberté dans des poulaillers force la réapparition de « vieilles maladies » et de parasitisme, mais aussi d’autres problèmes
de santé tant pour l’oiseau que pour le travailleur agricole. L’accès aux nouveaux outils technologiques permettant de séquencer à peu de frais des génomes de pathogènes est, par ailleurs, très excitant! J’y vois l’opportunité de mieux comprendre la pathogénèse d’une
maladie et de développer des outils préventifs ou diagnostiques, ou encore de caractériser la biodiversité du microbiote intestinal et de comprendre son impact sur la santé et la performance des oiseaux.

QU’EST-CE QUE VOUS TROUVEZ LE PLUS MOTIVANT ET LE PLUS DIFFICILE DANS VOTRE TRAVAIL?

Voir mes étudiants grandir, s’accomplir et progresser dans leur vie professionnelle est très motivant, comme le sont mes relations avec mon équipe de travail. C’est aussi motivant de voir progresser mes travaux de recherche, d’obtenir des résultats probants, de les partager avec la communauté scientifique et de les voir adoptés par l’industrie. En revanche, comme pour la majorité des femmes dans un milieu où l’accent est mis sur la performance, le plus difficile est de trouver l’équilibre entre les diverses composantes de la vie. Je dis souvent qu’avec la maternité vient la culpabilité!

QUELLES SONT LES RÉALISATIONS DE RECHERCHE DONT VOUS ÊTES LE PLUS FIÈRE?

La relation que j’ai bâtie avec l’industrie avicole au Québec me rend très fière. C’est une relation de confiance qui a mené à la création de la première Chaire de recherche industrielle à la FMV, ainsi qu’au soutien financier qui était nécessaire à la construction du Centre de recherche
avicole, le seul bâtiment de biosécurité de niveau 2 entièrement dédié à l’aviculture de l’œuf à la table. Je suis fière de la reconnaissance de mes pairs à l’international; je suis éditrice du Avian Disease Manual, le livre le plus vendu de l’American Association of Avian Pathologists, et
suis aussi éditrice adjointe du Diseases of Poultry, la bible en médecine avicole