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Entrevue avec le Dr Guillaume Théberge

Quand on parle de relation avec les premiers peuples, à la Faculté, on pense au Nord du Québec où certains de nos vétérinaires vont périodiquement faire des missions afin de former des vaccinateurs dans différentes populations nordiques.  Nous avons posé quelques questions au Dr Guillaume Théberge à ce sujet, et il a gentiment accepté d’y répondre.

Dr_Guillaume_ThébergeDr Théberge, pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites dans le Nord du Québec?

Il y a 2 volets à ma tâche en lien avec le Nord présentement. Le premier est le programme de vaccination contre la rage qui fut instauré par le MAPAQ dans les années 80 et qui est administré depuis 2017 par la FMV. Le but de celui-ci est d’offrir une couverture vaccinale contre la rage aux chiens des communautés cries, inuites et naskapies du Nord québécois. Grâce à l’implication du CHUV et de certains donateurs, nous avons pu élargir le programme avec la vaccination de base et la vermifugation. Mon rôle dans ce programme est principalement de visiter les communautés de façon annuelle pour former des vaccinateurs locaux et ensuite de les supporter à distance pour qu’ils puissent offrir la vaccination de façon continue pendant l’année.

Le deuxième volet de ma tâche découle d’une initiative du Groupe International Vétérinaire (GIV) et consiste en un service d’aide vétérinaire à distance pour les communautés éloignées. Les résidents de ces communautés peuvent me joindre par courriel ou par téléphone pour que je les assiste lors de problèmes avec leurs animaux. Les problèmes sont très variés allant des parasites intestinaux aux accidentés de la voie publique.

Depuis combien de temps vous y rendez-vous?

Je suis en poste depuis 2019. Le Dr Yves Rondenay s’occupait de la vaccination contre la rage depuis 2017 et le service d’aide vétérinaire à distance était assuré par les services d’urgentologie et de pratique générale du Centre hospitalier vétérinaire universitaire (CHUV). Évidemment, les visites des communautés ont dû être interrompues en 2020 et pendant une bonne partie de 2021 mais nous sommes maintenant de retour à la normale.

À quelle fréquence vous y rendez-vous et combien de temps dure le séjour?

Il y a un total de 24 communautés à visiter pendant l’année. En général, ça peut être fait avec 3 séjours de 10 à 12 jours (1 séjour chez les Cris de la Baie James, 1 autre chez les Inuits de la côte de la Baie d’Hudson et 1 dernier chez les Inuits de la côte de la baie d’Ungava ainsi que la communauté naskapie de Kawawachikamach). La météo nous empêche parfois de rejoindre certaines communautés et à ce moment, un suivi doit être fait à distance pour s’assurer que les vaccinateurs ne manquent de rien.

Que croyez-vous apporter à ces communautés? 

Puisque les renards roux et arctiques côtoient régulièrement les chiens dans plusieurs de ces communautés, la rage est bien connue par la plupart des propriétaires. Ceux-ci reconnaissent en général l’importance de la vaccination.

Notre passage est souvent aussi l’occasion pour eux de faire vérifier plusieurs petits problèmes chroniques que les chiens et les quelques braves chats peuvent avoir. C’est un peu la même chose avec le service d’aide à distance. Même si nous sommes rapidement limités dans nos interventions, les propriétaires apprécient quand même de pouvoir parler à quelqu’un.

Est-ce que vous y voyez un effet bénéfique pour eux, mais également pour vous?

Il y a un impact bénéfique évident du point de vue de la santé publique. Les chiens sont une partie importante de ces écosystèmes et l’amélioration de leur santé est au moins partiellement liée à l’amélioration de la santé générale dans la communauté. Nous n’avons qu’à penser au parasitisme et à la rage. Aussi, en raison du nombre important de chiens dans les communautés, les morsures sont malheureusement très fréquentes. La gestion de ces morsures est quand même simplifiée quand les chiens sont adéquatement vaccinés.

Quelles aptitudes sont nécessaires pour participer à ces activités?

Je dirais que c’est essentiel de garder une grande ouverture d’esprit et d’essayer de comprendre les situations en fonction du contexte local (culturel, historique et géographique…). Je crois qu’il faut aussi avoir une bonne capacité d’adaptation. On ne peut pas penser utiliser les mêmes approches que nous avons au sud et espérer avoir des résultats comparables.

Comment pourrions-nous aider ces communautés autrement?

Les équipes de chercheurs de la FMV seraient mieux placées que moi pour répondre à cette question. Sur le terrain, on sent quand même qu’il y a une grande demande pour des services de stérilisations. Il y a par contre, plusieurs défis pour des programmes de ce genre, surtout, si on veut vraiment avoir un effet de contrôle des populations.

Il faudrait aussi trouver une façon de valoriser le travail des vaccinateurs locaux (ou d’autres membres des communautés) et de le bonifier avec des formations qui pourraient leur permettre d’être une ressource encore plus importante dans leur village  et de devenir un intermédiaire qualifié entre les vétérinaires au sud et les propriétaires au nord.

Merci au Dr Guillaume Théberge d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et de nous partager son expérience très enrichissante et qui, une fois de plus, fait rayonner la Faculté.

 

©Guillaume Théberge