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Stéphane Lair, professeur en santé de la faune

Stéphane Lair est le titulaire de ce poste de professeur en santé de la faune. Dans le cadre de ses travaux, il dirige l'équipe du Centre québécois sur la santé des animaux sauvages (CQSAS). Ce centre d'expertise s'intéresse aux causes de mortalité et de morbidité de la faune québécoise. Il effectue des analyses sur des spécimens d'animaux sauvages soumis pour expertise par différentes agences gouvernementales et autres organismes œuvrant en conservation et gestion de la faune. Les résultats de ces analyses permettent de mieux documenter et de comprendre les relations complexes et souvent conflictuelles entre les animaux sauvages, les agents pathogènes et l'espèce humaine.

Photo: Alexandre Shields Le DevoirPar exemple, les travaux effectués depuis plus de 30 ans chez le béluga du Saint-Laurent ont permis de mieux comprendre les causes de déclin de cette population menacée de disparition, ce qui a contribué à la mise en place de mesures de protection. On peut citer l'exemple des cancers, autrefois observés avec un taux inhabituellement élevé et qui sont maintenant disparus à la suite de changements réglementaires sur le rejet de composés cancérigènes d'origine industrielle dans l'habitat du béluga.

On documente environ une vingtaine de mortalités par année de baleines à fanons dans l'estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Comme le transport de ces spécimens de grande taille vers le laboratoire est logistiquement difficile, l'équipe de Stéphane Lair doit se déplacer sur le lieu de l'échouage pour effectuer les nécropsies. En raison de la complexité de la logistique et des coûts importants associés à cette opération, tous les cas ne font pas l’objet de nécropsie.

La décision d’effectuer ou non un examen post-mortem sur ces grandes baleines est prise en consultation avec le ministère des Pêches et des Océans (MPO) et s’appuie notamment sur le statut de l’espèce (menacée ou non), la localisation de la carcasse et son état de décomposition. On favorisera les nécropsies d'espèces menacées, car les résultats obtenus peuvent permettre de mieux comprendre les causes du déclin de la population et ainsi appuyer la mise en place d'actions concrètes visant à protéger l’espèce. Il faut comprendre que les mesures suggérées ou mises en place peuvent avoir des impacts économiques significatifs, d’où le besoin de les valider par des données scientifiques.

Un exemple probant de ce type de contribution est la participation de l'équipe du CQSAS à l'étude des causes de mortalités chez la baleine noire de l'Atlantique Nord, une espèce en voie de disparition. Le rapport discutant des mortalités observées au cours de l'année 2019 a été publié récemment en collaboration avec le Réseau canadien pour la santé de la faune, la Marine Animal Response Society et le Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Les résultats de ce rapport identifient bien les collisions avec les navires et les enchevêtrements dans les équipements de pêche comme les deux causes principales menant au déclin de cette espèce. Ces évidences scientifiques servent de justifications pour la mise en place de mesures de protection pour cette espèce dont l'effectif dépasse tout juste les 400 individus. Pour l'instant, il semble que ces mesures donnent des résultats, car aucune mortalité de baleine noire n'a été documentée dans le golfe du Saint-Laurent en 2020. Ce rapport (en anglais) peut être téléchargé à partir du site suivant: cwhc-rcsf.ca.

Bien que le rorqual à bosse ne soit pas une espèce menacée, l'équipe du CQSAS a aussi eu l'occasion de participer au suivi comportemental et vétérinaire, puis d'effectuer une nécropsie du mammifère qui a passé plusieurs jours dans le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Montréal, au printemps dernier. Le ministère des Pêches et des Océans a demandé l'assistance du CQSAS afin de mieux comprendre les problèmes de santé auxquels cette baleine a pu faire face.

La nécropsie de cet animal de grande taille et pesant 17 tonnes a été faite en collaboration avec le RQUMM. L'équipe du CQSAS, composée de cinq médecins vétérinaires, incluant trois résidents en formation, ainsi que deux techniciennes, a procédé à l'examen de la baleine au quai de Sainte-Anne-de-Sorel. L'examen complet de la carcasse a été réalisé à l'aide de machineries lourdes essentielles à ce travail. Un examen macroscopique de la carcasse a été fait afin d’évaluer la présence de lésions ayant pu contribuer à la mort de cette baleine. Un examen histopathologique, qui consiste à examiner les organes prélevés au microscope, a aussi été effectué sur les tissus prélevés.

Les premières observations suggéraient que l'animal avait été vraisemblablement victime d'une collision avec un navire. Toutefois, cette hypothèse n'a pas été confirmée à l'examen histopathologique des tissus et à la suite d’une consultation avec le groupe d'experts ayant suivi l'animal avant sa mort.

Par conséquent, avec l'état actuel de nos connaissances, la cause de la mort de cette baleine et les raisons l'ayant poussé à fréquenter la portion en eau douce du fleuve dans la région de Montréal resteront incertaines. L'équipe de Stéphane Lair a par contre été en mesure de bien caractériser les changements cutanés plutôt spectaculaires sur cette baleine qui ont été causés par une exposition à l'eau douce. Cet événement de nature incertaine démontre que bien des questions restent encore en suspens, ce qui en soi est stimulant pour les chercheurs en santé de la faune.


PRÉSENTATION SUIVANTE: Marion Desmarchelier et le stress chez les cétacés


Stéphane Lair
Professeur titulaire au département de sciences cliniques de la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal

Le Dr Stéphane Lair est directeur du Centre québécois sur la santé des animaux sauvages (CQSAS). Ses principales expertises sont la faune, les animaux exotiques et la médecine zoologique.

Ses travaux de recherche sont axés sur:

  • Évaluation de la santé de la faune.
  • Effet de l'activité humaine sur la santé de la faune.
  • Santé des animaux aquatiques (poissons et mammifères marins)
  • Aspect humanitaire et technique de recherche chez les animaux sauvages
  • Bien-être des animaux exotiques en captivité.
  • Anesthésie et l'analgésie des espèces non-domestiques