Fils de pomiculteur immigrant, j’ai grandi à St-Paul d’Abbotsford. L’agriculture étant un métier diffi cile aux yeux de mon père, j’ai été encouragé à poursuivre mes études. Mon intérêt pour la médecine vétérinaire ne s’est développé que tardivement. Ce n’est qu’au programme de maîtrise en biochimie à l’Université McGill que j’ai pensé suivre une formation professionnelle alliant mon intérêt pour la science et mon expérience du milieu agricole.

DÉCRIVEZ VOTRE PARCOURS PROFESSIONNEL.

Ma formation vétérinaire est quelque peu atypique. J’ai débuté le programme de doctorat en médecine vétérinaire en 1995 pour le terminer en 2002 puisque j’ai mené de front des études doctorales (Ph. D), de sorte que j’ai fait partie de trois diff  érentes  cohortes  étudiantes! J’ai ensuite quitté la FMV pour réaliser des études postdoctorales en endocrinologie moléculaire et génomique fonctionnelle au Baylor College of Medicine (TX) jusqu’en 2005, après quoi je suis revenu à la Faculté comme professeur adjoint au Département de biomédecine vétérinaire et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en biologie moléculaire et génomique fonctionnelle de l’ovaire.

POURQUOI UNE CARRIÈRE DE RECHERCHE DANS LE MILIEU ACADÉMIQUE?

Mon penchant pour la pensée abstraite et ma créativité m’ont incité à suivre cette voie, bien que j’aurais également pu me plaire à travailler comme ingénieur ou architecte...  Le milieu académique confère l’autonomie et la liberté dont un individu comme moi a besoin pour fonctionner effi  cacement!

QUELS SONT LES PRINCIPAUX ENJEUX DANS VOTRE DOMAINE?

Les enjeux principaux en reproduction animale se situent aux deux extrémités de l’échelle de fertilité (trop ou trop peu). Alors que chez l’animal de compagnie traditionnel, le médecin vétérinaire est surtout appelé à poser des gestes pour contrôler la population animale, chez l’animal de rente, une reproduction maximale est souvent souhaitée. Comme médecin vétérinaire, je m’intéresse également au développement de modèles animaux de problèmes du système reproducteur chez l’homme. Par exemple, je travaille avec des souris transgéniques souff  rant de tumeur des cellules de la granulosa dans le but de parfaire les moyens diagnostiques (découverte d’un nouveau marqueur sérique) et, ultimement, d’étudier de nouvelles approches thérapeutiques pour le cancer ovarien chez la femme.

QUELS SONT LES OBJECTIFS DE VOTRE RECHERCHE?

À l’aide de la biologie moléculaire, je me penche sur des questions liées à la physiologie de la reproduction, la biologie du développe-ment et la génétique du cancer. En plus des mécanismes endocri-niens classiques, il existe plusieurs mécanismes intraovariens qui contrôlent la fertilité. J’étudie présentement une famille de glyco-protéines secrétées qui agissent dans l’ovaire de façon autocrine ou paracrine pour infl uencer le comportement cellulaire;  il s’agit des Wnt. Le but à long terme est de comprendre les mécanismes intraovariens qui contrôlent le développement folliculaire.

QUELS SONT LES IMPACTS DE VOTRE RECHERCHE SUR LA PRATIQUE VÉTÉRINAIRE?

J’ai découvert qu’un Wnt particulier peut agir dans le système repro-ducteur mâle pour induire l’apoptose des cellules souches sperma-togoniales. Cette découverte pourrait mener au développement d’une alternative non chirurgicale (moins invasive) à la castration pour les animaux de compagnie et surtout de la faune. Par ailleurs, si mes hypothèses sont confi rmées, certains Wnt pourraient être impliqués lors du développement embryonnaire; ainsi le succès de la fertilisation in vitro pourrait être amélioré en incluant ces Wnt au milieu de culture.

QU’EST-CE QUE VOUS TROUVEZ LE PLUS MOTIVANT ET LE PLUS DIFFICILE DANS VOTRE TRAVAIL?

J’aime découvrir et partager ces découvertes avec la communauté scientifi  que par l’entremise de publications; ça me rappelle le temps des récoltes au verger de mon père! Ce qui est plus diffi  cile est de travailler dans un contexte de société qui semble valoriser de moins en moins la recherche; moins de ressources pour les chercheurs et donc plus de compétition...

DE QUELLE RÉALISATION ÊTES-VOUS LE PLUS FIER?

Je suis très fi er d’avoir réussi à monter et à maintenir un laboratoire de recherche compétitif en dépit du contexte actuel diffi  cile. Il est très valorisant de voir mes étudiants terminer avec succès leur programme de formation (M. Sc ou Ph. D) et quitter mon laboratoire dotés des outils et des compétences requis pour réussir leur vie professionnelle!

Source : LeVeterinarius | Vol. 29 n°4 septembre 2013